Les présidents du Liberia, du Sénégal, de la Mauritanie, de la Guinée-Bissau et du Gabon ont récemment été reçus à Washington pour une rencontre officiellement consacrée aux questions de commerce, d’investissement et de sécurité. Au centre des discussions : les ressources naturelles stratégiques de leurs pays en or, terres rares, manganèse, uranium, gaz et pétrole devenues cruciales pour les industries mondiales, notamment celles des batteries et des véhicules électriques.
Durant un tour de table préliminaire, les chefs d’État africains ont multiplié les éloges, autant envers leurs propres pays que vis-à-vis de Donald Trump. Le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani a vanté les ressources minières de son pays, tandis que son homologue sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a tenu à rassurer les investisseurs sur la stabilité du Sénégal, tout en proposant à l’ancien président américain de financer un club de golf à Dakar.
Le président gabonais Brice Oligui Nguema, lui, a mis en avant la richesse de son pays et ses importantes réserves de pétrole, de gaz et de manganèse, un minerai stratégique dont le Gabon est le deuxième producteur mondial, derrière l’Afrique du Sud, selon l’Institut géologique américain.
Mais la mise en scène de cette rencontre a vite suscité une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. De nombreux internautes ont dénoncé une réunion aux allures de soumission, où la posture protocolaire trahissait une hiérarchie implicite. Ce format collectif, imposé par l’équipe de Trump, a rompu avec l’usage diplomatique de l’égalité entre chefs d’État, faisant resurgir les relents d’un rapport Nord-Sud déséquilibré et hérité de l’histoire coloniale.
Les chefs d’État africains n’en sont pas sortis grandis. La proposition du président sénégalais sur le golf, ou l’insistance du président mauritanien à vendre les ressources de son pays, ont été perçues comme des gestes maladroits, renforçant une image d’infériorité face à un Donald Trump désinvolte et peu concerné.
Le président américain, de son côté, a étalé une ignorance manifeste. Peu préparé, distrait, il s’est contenté de demander à chacun de ses invités de se présenter sommairement. Sa question posée au président libérien « Où avez-vous appris l’anglais ? » a choqué l’assistance, révélant une méconnaissance troublante de l’histoire : le Liberia, fondé au XIXe siècle par des Afro-Américains affranchis, a l’anglais pour langue officielle.
Au final, cette rencontre n’a produit ni réelle avancée ni image valorisante. Elle restera comme un épisode embarrassant, révélateur d’une diplomatie déséquilibrée, où les symboles ont parfois plus de poids que les mots.