La pénurie de carburant au Mali a transformé les stations-service en véritables zones de tension où le temps s’est figé. Ce n’est plus une simple difficulté d’approvisionnement ; c’est une paralysie qui ronge le quotidien des Maliens, forçant chacun à réorganiser son existence autour de la quête d’essence.
Cette épreuve logistique a des conséquences économiques directes et dévastatrices. Les petits entrepreneurs, qui constituent l’épine dorsale de l’économie locale, sont contraints de mettre leurs activités en suspens. Les livraisons sont retardées, les coûts de transport explosent, et la chaîne de valeur locale se fissure jour après jour. Les conséquences se répercutent jusqu’aux familles, où l’accès aux denrées de base devient incertain.
Sauf, bien sûr, pour ceux qui peuvent se permettre un bidon de 20 litres à 100 000 francs. Oui, c’est désormais à ce prix que les revendeurs proposent l’essence, prétextant qu’ils ne peuvent pas passer la journée et la nuit à la station pour la vendre à un prix normal.
Il est compréhensible de vouloir réaliser des bénéfices sur cette denrée rare, acquise à la sueur du front. Cependant, il n’est pas acceptable de revendre quelque chose acheté à 15 500 francs pour 100 000 francs.
L’endurance légendaire du peuple malien est mise à rude épreuve. L’énergie dépensée dans l’attente improductive aux pompes est une énergie soustraite à la production, à la famille et au développement personnel. Cette frustration collective monte, menaçant de transformer la résilience historique en une lassitude profonde et durable.
L’immobilisme observé dans la résolution de cette crise met en lumière la vulnérabilité du système face aux chocs externes. Les citoyens aspirent à une solution rapide, mais l’incertitude ambiante alimente un scepticisme grandissant. Il est impératif que des mesures énergétiques soient prises non seulement pour ravitailler le pays, mais surtout pour restaurer la confiance dans la capacité du système à assurer les fonctions vitales de la nation.
Hawa Sy









