La Journée “Saba Saba” qui signifie “7 juillet” en swahili a viré cette année à l’affrontement sanglant entre manifestants et forces de l’ordre au Kenya. Ce jour de commémoration du soulèvement populaire du 7 juillet 1990 contre le régime autoritaire de Daniel arap Moi a pris en 2024, les traits d’une nouvelle révolte. Portée par une jeunesse kényane en colère contre l’inflation, les disparitions forcées et l’impunité policière, la mobilisation a été réprimée avec brutalité.
Selon un communiqué du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), au moins 10 personnes ont trouvé la mort lors des manifestations du 7 juillet. Ravina Shamdasani, porte-parole du HCDH, a exprimé sa profonde inquiétude face à ces violences et dénoncé l’usage disproportionné de la force : munitions réelles, balles en caoutchouc, gaz lacrymogènes et canons à eau ont été employés contre les manifestants. « Les responsables doivent être traduits en justice », a-t-elle déclaré, rappelant que, selon le droit international, la force létale ne peut être utilisée que pour protéger des vies en danger immédiat.
Les bilans divergent : la police évoque 11 morts, 52 policiers blessés et 567 manifestants arrêtés, tandis que la Commission nationale kényane des droits de l’homme recense 10 morts, 29 blessés, 37 arrestations et deux cas d’enlèvement. Ces heurts surviennent moins de deux semaines après la mort de 15 manifestants, le 25 juin. Le Haut-Commissaire aux droits humains, Volker Türk, a renouvelé son appel au calme, à la retenue et au respect des libertés fondamentales, tout en demandant aux autorités de mener des enquêtes rapides, indépendantes et transparentes sur chaque cas de décès, de blessure et de violation présumée des droits humains.