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Coiffures africaines traditionnelles : plusieurs modèles sont en proie à l’abandon 

Plusieurs modèles de tresse africaines sont en quête de survie face à la modernisation des coiffures occidentales

Longtemps marginalisées par les standards de beauté occidentaux relayés par les médias et l’industrie de la mode, les coiffures africaines traditionnelles telles que le bolognè, les nattes ou encore les dénbakouw ( un modèle de six tresse parties en deux blocs sur la tête ) sont aujourd’hui souvent considérées comme « démodées » ou « non professionnelles ». Pourtant, derrière chaque tresse, chaque fil enroulé, se cache une histoire, une identité, une culture.

Djenebou Dia, ancienne coiffeuse passionnée, se souvient avec émotion : « Nos mères et nos sœurs se tressaient avec du yossi, un fil de dah. Elles le teignaient en noir, le faisaient sécher au soleil, puis l’utilisaient pour créer de magnifiques tresses. » a-t-elle révélé.

Ces gestes, transmis de génération en génération, n’étaient pas de simples routines de beauté selon les coiffeuses. Ils marquaient des étapes de la vie, signalaient l’appartenance à une communauté ou à un groupe social, et servaient parfois de code de communication dans certaines régions.

Les coiffures africaines, bien plus qu’un art, sont souvent considérées par les africaines comme un langage ou un patrimoine vivant.

Ce jours-là, Aminata Sacko, une coiffeuse à Hamadallaye ACI 2000, tresse de perruques à vendre, à côté du marché. Mais depuis le matin, elle n’a reçu aucune cliente.

Quant à elle, elle a déjà fait le choix de se diriger vers la perfection des perruques pour dame au profit des anciens modèles de tresse africaine.

« Autrefois, les dénbakouw ( un modèle de six tresse parties en deux blocs sur la tête ) étaient faits avec du bolognè. Aujourd’hui, les femmes préfèrent porter des perruques tressées surtout si on leur propose de beaux modèles. Elles se sentent belles et ravissantes. » a-t-elle déclaré.

Le retour progressif à des styles plus traditionnels témoigne d’une volonté de renouer avec une identité longtemps mise de côté. Cependant, la popularité croissante des perruques synthétiques et des coiffures influencées par l’Occident continue de menacer la transmission de ces savoir-faire ancestraux.

《Au paravant on peut avoir entre dix (10) ou quinze (15) clientes à tresser dans la semaine. Mais maintenant on ne reçoit que seulement trois (3) personnes pendant cette même période. Car de nombreuses femmes portent des perruques. 》a martelé Awa Touré, une coiffeuse au bord du marché de Hamadallaye ACI 2000.

Au-delà de l’apparence, les coiffures africaines racontent l’histoire d’un peuple, ses croyances, ses codes, et sa résilience. Leur disparition progressive soulève des questions profondes sur la fierté culturelle, l’appropriation identitaire et la nécessité de préserver ces héritages pour les générations futures.

Tiabwa Christine Dembélé

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