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Kalaban-Coro : Dans les coulisses de l’extraction de sable, un métier rude mais vital

Kalaban-Coro, rive sud du fleuve Niger. Sous le soleil de plomb ou dans la fraîcheur du matin, un ballet quotidien s’opère sur les berges du fleuve. Hommes et femmes s’y retrouvent pour une activité aussi invisible qu’indispensable : l’extraction de sable. Ce site, l’un des plus grands de Bamako, fait vivre aujourd’hui des milliers de personnes venues de divers quartiers de la capitale.

 

Depuis 1987 pour certains, ce métier est devenu leur quotidien. Faute d’emplois stables, ils ont trouvé ici un moyen de subvenir aux besoins de leur famille. Et si ce travail semble simple vu de loin, la réalité du terrain est tout autre.

 

Un effort physique intense

 

Le sable est extrait de deux façons. « La première méthode consiste à tirer le sable à l’aide d’une corde », explique un travailleur. « L’autre, plus difficile, consiste à plonger sous l’eau pendant 15 à 30 minutes. » Cette technique, autrefois courante, s’est aujourd’hui raréfiée avec la baisse du niveau de l’eau. On parle désormais de la dernière passe : l’eau n’atteint plus que les genoux, ce qui accélère le processus.

 

Le déchargement des pirogues se fait par groupes, généralement composés d’un maximum de dix personnes. C’est une tâche éprouvante, souvent répétée plusieurs fois dans la journée.

 

Difficultés multiples et conditions précaires

 

Mais au-delà de l’effort physique, les travailleurs doivent composer avec de nombreuses contraintes. Pannes de moteur, manque d’infrastructures routières, absence de protections et intempéries compliquent considérablement leur quotidien. « Pendant la saison des pluies, les chemins deviennent impraticables. Il faut traverser des routes pleines de pierres pour accéder au site », témoigne un autre travailleur.

 

Les revenus varient également selon les saisons. Le prix du déchargement peut aller de 9 000 à 10 000 F CFA selon la période. Les femmes, très présentes sur le site notamment dans le déchargement des pirogues, peuvent gagner jusqu’à 5 000 F CFA par jour.

 

Une activité qui nourrit malgré tout

 

Malgré les difficultés rencontrées, les témoignages laissent transparaître une certaine dignité. « Grâce à ce travail, nous parvenons à en tirer profit. Dieu merci, nous ne dépendons de personne », déclare fièrement un travailleur.

 

Cette activité, bien que pénible et peu encadrée, reste l’un des rares moyens de subsistance pour de nombreuses familles. Elle montre aussi le rôle central du secteur informel dans l’économie urbaine de Bamako. Aujourd’hui, les travailleurs demandent de l’aide aux autorités : ils souhaitent de meilleures routes, du matériel adapté à leur travail et un soutien plus fort des syndicats. Ces changements pourraient réellement améliorer leur vie. C’est une reconnaissance qui arrive tardivement mais qui est essentielle pour ceux qui construisent la ville chaque jour.

Younoussa Maïga

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