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Bamako : Le Charbon Se Volatilise du Paysage Commercial et Les Prix Grimpent

Dans un contexte où le charbon semble s’être volatilisé du paysage commercial, ceux qui persistent à le vendre ont récemment imposé une hausse significative des prix, oscillant entre 10 et 20 % par rapport aux tarifs initiaux.

Les vendeurs justifient cette augmentation par les récoltes en cours, suite à la fin de la saison pluvieuse, qui impactent l’approvisionnement et modifient les dynamiques du marché.

Nama Keïta, vendeur de charbon au dépôt de Darsalam, explique les raisons de cette hausse des prix : « Nous sommes actuellement en saison froide, et ceux qui devraient sécher le bois sont occupés à récolter. De plus, de nombreuses routes sont bloquées, compliquant ainsi l’approvisionnement. La cherté actuelle est liée aux récoltes ; personne ne peut se permettre de laisser son champ pour nous approvisionner. Quelques personnes viennent nous fournir, mais c’est insuffisant. Quand le charbon devient introuvable, son prix augmente. Actuellement, un sac de charbon se vend entre 5 500 et 6 000 F, alors qu’auparavant, nous les vendions entre 4 000 et 5 000 F. Hier, il n’y avait pas de charbon à vendre, mais aujourd’hui, deux camions sont arrivés et tous les vendeurs n’ont même pas pu en obtenir. Ici, c’est le grand marché du charbon et du bois ; donc si c’est introuvable dans la ville, les gens viennent ici. »

Makan Magassa, un autre vendeur au dépôt de Darsalam, précise la provenance des marchandises : « Nos charbons proviennent principalement de Kita ; parfois de Bougouni, mais ce n’est pas fréquent. Ils viennent également de Nara. Nous demandons à nos travailleurs de ne pas couper les arbres qui ne sont pas secs car c’est interdit », a-t-il souligné.

Face à cette hausse des prix du charbon, Awa Diakité, une cliente, se tourne vers le bois pour cuisiner : « Nous avons beaucoup de difficultés à acheter du charbon. Aujourd’hui, même si j’ai vu des vendeurs avec du charbon, il est difficile d’en trouver et les prix sont élevés. Avant, nous l’achetions à 4 000 ou 4 500 F ; aujourd’hui c’est à 6 000 F. Je suis venue acheter du bois sec pour cuisiner. Je déteste la fumée, mais je suis obligée d’en acheter. De plus, la cuisson avec du bois sec prend beaucoup plus de temps. »

Ousby Tounkara, un grossiste en charbon, partage également les difficultés rencontrées par les vendeurs : « Nous faisons face à de nombreuses difficultés pour l’approvisionnement en charbon. Le transport est cher et nous devons aller chercher le charbon dans la forêt où les routes sont en mauvais état. En ce moment, il est très difficile d’en trouver car ceux qui nous approvisionnent au village sont occupés avec leurs récoltes. La vente de charbon n’est pas leur seule activité, ce qui explique le manque sur le marché. Chaque année c’est la même situation : dans les zones où nous allons chercher le charbon, beaucoup coupent des arbres manuellement sans machines, ce qui rend le travail lent. Parfois nous ne réalisons pas de bénéfice ; d’autres fois oui. Nous expliquons aux clients que ceux qui achètent en grande quantité savent que les prix augmentent durant cette période », a-t-il insisté.

Malgré cette hausse des prix et les difficultés d’approvisionnement rencontrées par les vendeurs, ces derniers continuent de trouver du charbon pour subvenir aux besoins quotidiens des populations. De nombreuses personnes dépendent encore du charbon pour cuisiner, en particulier les femmes. Cette situation devient préoccupante tant pour les vendeurs que pour les clients. Une baisse des prix du charbon pourrait bénéficier aux utilisateurs qui dépendent exclusivement de ce combustible.

Zénébou Gueye

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