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To Finley, l’artiste de l’Afro-Soul du Terroir

To Finley, l’artiste de l’Afro-Soul du Terroir, le « Pape du Wak », l’homme des roumoufouzis (roum foussé en mooré : mordre et souffler après), des loblikiss de la gnescologie, celui qui pour moi a réalisé le titre le plus universel de notre musique à savoir « Méka » et enfin celui qui m’a honoré en me demandant de produire, réaliser et arranger son unique album solo en 2009, va me (nous) manquer. Abattu par l’annonce de son décès, c’est aujourd’hui que je trouve la force de lui rendre hommage en diffusant les vidéos live et sons audio de cet album « Revival » sur ma page facebook que je vous invite à suivre de près cette semaine.

Au delà de cette fin si triste car l’artiste a souffert, je voudrai m’arrêter sur l’hommage qu’un grand journaliste culturel, Barry Saidou Alceny a publié dans l’Observateur Paalga et diffusé sur le Fasonet sous le titre de « Come back of the genius » à propos du concert dédicace live de la sortie de l’Album « Revival » de To Finley le 19 juin 2009 au CENASA.
Voici en intégralité l’article qui résume l’essentiel sur la grandeur de TO :

 » Ce vendredi 19 juin 2009, le CENASA a accueilli le concert dédicace de Tô Finley. Pour son premier album solo Revival. Un grand moment de musique qui signe le retour d’un immense artiste. Inoubliable.
On revient de tout. Même de l’Enfer. Tô Finley en est la preuve. Jeune musicien prodige des seventies, vedette des boys bands qui animaient les nuits de la capitale, sa voix au timbre exceptionnel, ses reprises des tubes d’Otis Redding, de James Bond, sa présence scénique, et ses compositions métisses entre Soul music et musique du terroir feront de ce jeune homme frêle l’idole des jeunes de ce temps-là. Il connaîtra une carrière fulgurante qui l’amènera en Côte d’Ivoire, en Italie et aux USA. Et puis viendra l’éclipse. Longue. Très longue. Et son corollaire : la descente aux Enfers. Interminable. Il faisait plus la une des faits divers que celle des pages culturelles. N’évoquons pas ici les années noires : le régime de pain sec, la solitude et cette déchéance qui altère la raison. Tô Finley. Trop fêlé, disait-on. Perdu pour la musique. Fini. Définitivement.
Et on se signait devant cet immense gâchis. Mais voilà que le miracle a eu lieu. Tô Finley est de retour sur scène ; ce soir au CENASA, il est le Roi Lion revenu sur ses terres, entouré par un orchestre de jeunes musiciens et d’Eugène Kounker.
Tô Finley renaît à la musique avec Revival (le retour en Anglais), un album de neuf titres bien enlevés. Il reprend ses anciens succès Burkin’bi, Meka, Lamaboa et des chansons composées il y a longtemps, mais non enregistrées telles Liberty song, Rissongo, Burkin’gnagda et aussi deux nouveautés Ouri et Tô improv, une composition de Eugène Kounker.
La voix est intacte, la maîtrise de la scène est là, et aussi le feeling, ce petit plus qui fait les grands artistes. Il esquisse son fameux emprunté à James Brown, « le moon walk », fait la toupie, se raidit brusquement et met le feu à la salle. C’est un public de mélomanes éclectiques. Aussi les voix frêles des jeunes s’enroulent autour de celles éraillées des aînés pour reprendre les tubes Meka ou Burkin’bi.
Moment de communion qui dit l’éternelle jeunesse de la musique de Tô Finley ; elle a traversé les époques sans prendre une ride. Et s’est même enrichie de nouvelles sonorités grâce à un autre musicien de génie qui a voulu payer sa dette à un aîné : Eugène Kounker, « The goldfingers ». Ce prodige de la guitare a mis son talent et sa disponibilité au service d’un aîné qu’il considère comme « le meilleur du Burkina ». On dit que seul un sorcier sait reconnaître son semblable. Le surdoué aussi. Dont acte !
Nous avons écouté l’album Revival en boucle. Une pure merveille. Rien à jeter. Même pas Aminata, un air de salsa chanté en français qui surprendra les aficionados du chanteur. Sonorités jazzy. Orchestration métisse. Voyage musical qui vous trimballe du Tennessee à Tingrela, de Birmingham à Boromo. Afro-soul, Jazz, Rock, Warba, sons Dagara, etc.
Et il y a la touche d’Eugène Kounker. Ses doigts plaquent les cordes sur le manche et libèrent des notes cristallines qui montent rondes, brillantes et légères comme des bulles de savon avant d’éclater dans les airs. Cette touche jazz confère à cet album une qualité inégalée dans la discographie burkinabè.
Sans verser dans le dithyrambe, on peut affirmer qu’il y aura désormais un avant Revival et un après dans l’histoire de la musique burkinabè. Revival est la rencontre entre un génial interprète et un phénoménal guitariste. Une alchimie qui enrobe d’or ce vinyle et en fait d’emblée une œuvre d’anthologie. A écouter sans modération. « 

Barry Seydou Alcémi

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