« ENTERRÉE PAR LES CHRÉTIENS, LA COUR ROYALE GAN FAIT DÉTERRER LE CADAVRE D’UNE FEMME POUR ALLER L’ENTERRER SELON LES RÈGLES COUTUMIÈRES ».
(Épisode 1)
Les faits se sont passés le jeudi 9 avril 2020 au secteur N°4 de Loropéni dans la province du Poni. Ce jour-là, une dame d’une soixantaine d’années issue de la famille royale gan a perdu la vie et a été inhumée par la communauté chrétienne religion à laquelle elle s’est convertie il y a plus d’une trentaine d’années. Mais la famille royale selon ses traditions juge inadmissible cette inhumation sans respect des coutumes. Ils procéderont quelques heures plus tard à l’exhumation du corps pour le transférer à Obiré.

Des sources jointes au niveau de l’église expliquent la femme est décédée il y a trois jours de cela. Pendant sa maladie, aucun parent n’est venu lui rendre visite déclare notre source. c’est lors de son décès qu’ils sont venus dire qu’ils vont amener le corps alors qu’elle est chrétienne il y a longtemps, plus d’une trentaine d’années explique t-il. « Nous avons fait l’enterrement, ils sont venus et ils ont déterré le corps. Ce sont les parents de la défunte, eux ne sont pas chrétiens. C’est pour aller faire leurs coutumes. Ils sont venus trouver que nous étions en train de mettre la terre et ils ont dit d’enlever le corps. Nous n’avons pas accepté, nous avons continué à mettre la terre et quelques heures après ils sont venus. Nous avons fait l’enterrement au cimetière et nous sommes rentrés mais au moment de nous rendre compte, ils avaient déjà fait leur travail. Si on était là-bas, ça n’allait pas être facile» a confié notre source. Selon eux ce n’est pas la première fois que cela se produit. En 2007, il y a eu un cas similaire. « Nous voulons qu’ils arrêtent ça pour que chacun puissent vivre librement » a-t-il souhaité. Malheureusement dans la société gan la tradition reste toujours forte.
La version de la cour royale
Koffi FARMA est le protocole du roi gan basé à Obiré, un village de la commune de Loropéni. C’est en connaisseur de la tradition qu’il explique les raisons qui ont prévalu à cette exhumation. « Au pays gan, nous avons ce que nous appelons la famille royale à savoir les princes et les princesses. Ils sont inhumés dans un caveau familial. Ils ont un site où ils sont inhumés. Si vous mourrez partout au Burkina, votre corps est transféré en ces lieux. Une fois que vous êtes inhumé, aucun prince ou princesse ne doit voir la tombe. S’il voit la tombe, il meurt selon la coutume. Quand un prince meurt, on met son corps dans une maison et à partir de 20, on va « casser les funérailles » c’est-à-dire qu’il y a un bruit, on va utiliser le gros tam-tam, les fusils… et on fait un bruit d’ensemble. Après ce bruit d’ensemble, on fait sortir le corps derrière la maison. Au moment de faire sortir le corps, tous les princes disparaissent, ils rentrent dans les maisons. On fait partir le corps avant que les princes ne sortent » a dit le protocole de sa Majesté le roi gan. Parlant de la dame qui est décédée, il a fait savoir que c’était une princesse et c’est tout naturellement selon lui qu’elle devait rejoindre le caveau familial pour éviter un désastre dans le royaume.« C’est une princesse qui est décédée. Et comme elle était mariée à un protestant, le roi a envoyé une délégation pour prendre le corps. Ils ont prétexté qu’il y a ses enfants qui devaient venir de Banfora et c’est eux qu’on attendait parce que si le corps part les enfants ne peuvent plus le voir. Alors que la délégation attendait, ils étaient en train de creuser la tombe. Ils ont pris le corps aller inhumer sans les cérémonies. Ils ont inhumé le corps à Loropéni centre même qui est la capitale du royaume gan. Et comme selon la coutume, les princes ne doivent pas voir la tombe, c’est pourquoi le roi a dit d’aller exhumer le corps » a-t-il ajouté. Toujours selon lui, tout Gan peut embrasser la religion qu’il veut mais s’il est prince à sa mort, le corps doit être remis au roi pour être enterré dans le caveau familial.
Cette inhumation sans respect de la tradition expose les fauteurs à une réparation.
M. Abdoul Aziz Abdoussalam Arouzena